Chetaibi : Oued El Ghlem Région toujours enclavée en 2012 ?

samedi 18 février 2012


Chetaibi : RÉGIONS ENCLAVÉES À ANNABA

Les habitants veulent des routes et des vivres
Par Wahida BAHRI - Samedi 18 Fevrier 2012

Des conditions climatiques exceptionnelles et des fortes chutes de neige que les habitants découvrent pour la première fois.
«On est plus mal lotis que les habitants du chef-lieu de la commune de Annaba!». C'est le cri de protestation d'un habitant du village d'Oued El Ghlem dépendant de la daïra de
Chétaïbi.

Ce village enclavé est situé à 50 km du chef-lieu de la wilaya de Annaba. Cette distance de piste devient infranchissable pendant la saison froide, encore plus quand il neige.
La région est coupée du reste de la wilaya pendant plusieurs jours.
A ces condition climatiques dures s'ajoute le marasme d'une situation économique et sociale. Oued El Ghlem, semble s'être accaparé l'image archétype de Annaba enclavée. Mais il n'y a pas uniquement Oued El Ghlem, il y a aussi Aïn Essaïd, El Horaicha, Romenettes, Aïn Barbar et les autres agglomérations et localités des différentes daïras de la wilaya où la quasi-totalité des localités sont enclavées.

Lors de dernières intempéries, à Oued El Ghlem, une femme enceinte a eu des douleurs d'accouchement pendant trois jours et l'on craignait pour sa vie. On a décidé pour la sauver de la faire transporter à l'hôpital Ibn Rochd, mais la route était coupée par la neige et la boue qui rendait la piste impraticable. «On a dû utiliser un tracteur appartenant à un habitant du village pour transporter la patiente», déclare Bachir, commerçant. Le tracteur était devenu le seul recours pour des habitants dans la détresse.

La jeune femme de 29 ans, s'appelle Aïcha. Le tracteur, après quelques kilomètres, s'est embourbé sans possibilité d'avancer. Les hommes qui avaient accompagné le tracteur, faisant preuve d'une grande endurance, marchant à pied pour dégager au fur et à mesure la route de la neige en usant de pelles, ont exécuté un travail héroïque défiant le froid et la boue en transportant la jeune femme pour atteindre le bout de la route où la voiture attendait. Finalement, la femme a été sauvée et a donné naissance à un bébé de sexe masculin. Bien qu'il s'agisse d'un happy end, l'histoire a déclenché un mouvement de colère dans les villages enclavés. «L'événement n'a fait que raviver des mauvais souvenirs car, souvent, les mêmes histoires se répètent du fait de l'absence de routes» soutient le commerçant.
Au cours de notre présence sur les lieux, nous avons fait un tour sur place dans le même village et on a rapporté une vision d'enclavement dont on n'a eu de cesse de signaler, depuis des années, divers aspects, de l'histoire dudit village et des autres dont, le plus choquant reste ces écoliers sans transport scolaire, effectuant des kilomètres, sous la pluie et la neige, supportant le poids du froid sur leurs frêles épaules.
Bachir Allaoui, habitant à Oued El Ghlem, explique que c'est grâce à l'élan solidaire des habitants de cette bourgade, que la jeune mère a été sauvée, sinon elle serait restée coincée dans le village, voire mourir vu l'état des routes d'une part, et l'absence de points de santé, pouvant prodiguer les premiers secours dans de telles circonstances, d'autre part.
Et puis, les conditions climatiques dont les chutes de neiges, que les habitants ont vu pour la première fois de leur vie.
Mais, au-delà de leur l'initiative, les habitants de toutes les localités enclavées, qui ont tenté de rouvrir le trafic, des chemins et sentiers de leurs bourgades, savaient qu'après le départ des engins, ce serait encore le statu quo...
A cause de l'absence de voirie, la détresse des malades s'accentue par l'éloignement de l'hôpital. La fermeture des écoles prive les enfants de cours, les prix de certaines denrées de première nécessité sont exceptionnellement chers, la bonbonne de gaz butane vendue entre 1000 et 1500 DA, par endroits. Les produits agricoles comme la pomme de terre notamment sont dépréciés car les agriculteurs, faute de route pour acheminer eux-mêmes leurs produits, ouvrent le champ à la spéculation. Et les mandataires sans scrupules font saigner à blanc les consommateurs, etc. «Cela fait 20 jours que les intempéries persistent rendant notre quotidien pénible», affirme Ramdane, un homme âgé mais lucide habitant le village de Aïn Barbar.
Tous ces habitants fiers disent ne vouloir qu'une chose: «La route! La route! La route seule! Rien que la route!».
Jamais on n'évoque l'idée d'une aide matérielle quelconque qui pourrait laisser entrevoir un soupçon de misérabilisme. On ne désire que ce qui est garanti sur le plan humanitaire. La route, c'est évident, est un droit inaliénable.
Les douleurs de Hadjer, cette petite fille de 13 ans, soufrant d'insuffisance rénale, ont déclenché un vent de colère et d'indignation.
Et du coup la médiatisation du village de Aïn Barbar, dans la commune de Séraïdi, semble avoir poussé les habitants d'un autre village, Bouzizi, à revendiquer eux aussi la réouverture de la route. Pour l'heure, le froid, la pluie et la neige se font tenaces et les populations des zones enclavées, demeurent coupées du monde.
L'élan de solidarité des citoyens et des pouvoirs publics tente de satisfaire des besoins à travers des cellules de crise mises en place ici et là. Mais c'est juste pour parer à des situations de grande urgence. Du reste, pour compléter le tableau, il faut signaler le manque crucial d'infrastructures, d'établissements sanitaires, la défectuosité du réseau routier, pour ne citer que ces défaillances.
Les intempéries ont également mis à nu les lacunes d'une gestion qui n'a d'objectif que soigner la devanture de la wilaya, négligeant pour autant les villages de Annaba profonde.
Ce qui est en grande partie, à l'origine de la détresse des habitants des bourgades éloignées.

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