Chetaibi : La synthèse de l'année

jeudi 29 décembre 2011


Annaba : Chétaïbi, la baie au bois dormant

Chétaïbi, un petit bourg de rêve dont tout le monde loue sa beauté et qui a changé plusieurs fois d’appellation tout en restant une cité tout a fait vierge avec comme véritable rempart sa forêt très dense.

PUBLIE LE : 29-12-2011
D.R

Chétaïbi, un petit bourg de rêve dont tout le monde loue sa beauté et qui a changé plusieurs fois d’appellation tout en restant une cité tout a fait vierge avec comme véritable rempart sa forêt très dense. Les annales retiennent que de Tacatua, la romaine à Chétaïbi, en passant par Tekkouche et Herbillon, le minuscule quartier colonial érigé à la fin des années 1850, la commune l’une des plus vieilles d’Algérie, semble immuable autant dans son charme et sa beauté séduisante que dans son évolution.

Chétaïbi abritant près de 8.000 âmes, n’est pas cette cité balnéaire que les gens rompus au tourisme international peuvent imaginer. Son attraction sur les investisseurs potentiels demeure nulle en dépit de tous les atouts multiples qu’elle recèle. Pourtant elle n’est qu’à une heure du chef lieu de wilaya.
Mardi 21 décembre. Ce jour là, l’hiver marque son entame. La journée la plus courte de l’année est plutôt moins pluvieuse que les précédentes. Ce ne sera certainement que partie remise. Un répit de courte durée pour cette région habituellement bien arrosée. La pancarte annonce Chétaïbi que l’on atteint après quelques kilomètres en prenant une descente raide. Le village qui a eu droit à tous les éloges des passants en quête d’une image d’Epinal paraît assombri sous les épais nuages. C’est comme si Chétaïbi avait troqué son look d’été et sa singulière luminosité, mais sans se départir, pour autant, de l’envoûtement qu’il exerce sur le visiteur. Ses magnifiques atours lui offrent des monts boisés à pertes de vue, confirment le charme exceptionnel, connu et reconnu, d’une baie dont on dit l’une des meilleures au monde.
A l’entrée du village, l’eau pluviale gênée dans son cours normal, prend la destination du centre. L’on a l’impression que l’eau jaillit d’une nouvelle source naturelle comme il en existe beaucoup dans la région.
Les agents groupés autour de l’engin sont à l’œuvre et tentent de dégager tous les corps solides pour lui permettre de reprendre son parcours la conduisant tout droit à la mer.
Les dernières pluies ont drainé tout ce qui était sur leur passage obstruant ainsi l’ouvrage devant les contenir et les canaliser pour se jeter en mer. Le magnifique front de mer est englouti par la boue. La rue est déserte. Pas âme qui vive. Les commerces, qui en période estivale grouillaient de monde, ont tous, baissé rideau.
Depuis longtemps déjà. Seul un café est en activité. C’est l’hiver à Chétaïbi. Même le port semble se soumettre aux caprices de la nature et se résigner à l’inertie. A proximité, le stade communal, dans un bien piètre état, arrive à réunir un groupuscule de jeunes autour d’un match de quartier ou peut-être d’une séance d’entraînement. Le cœur du village bat un peu plus haut. Alentours de l’hôpital. Là, il y a des quelques signes de vie ou plutôt des gens vaquant à leur occupation.

Une prouesse, des retards rattrapés
A l’antique Tacatua, l’été dernier, il ne fait pas bon vivre. Le village entre en hibernation. L’isolement et la pauvreté conjuguent leurs effets qui pèsent lourdement sur les quotidiens qui se suivent et se ressemblent. La commune compte parmi celles que l’on désigne par le qualificatif «déficitaire», c’est à dire ne disposant pas de ressources propres. La dette cumulée estimée à 2 milliards 800 est effacée en 2007.
Chétaïbi vit des subventions de l’Etat. Les enveloppes qui lui sont allouées sont orientées vers les opérations d’AEP, d’assainissement et de réfections des routes.
A ce stade de son développement, c’est le port de pêche qui occupe le plus de monde, pour ne pas dire que l’essentiel des ressources provient de la pêche.
Dans cette région où la forêt a jeté son dévolu sur la quasi-totalité de l’espace où tout est montagneux, c’est l’agriculture de montagne qui est pratiquée, mais les parcelles familiales ont des rendements très limités et la production est plutôt destinée à la subsistance, étant très réduite. Pour pouvoir joindre les deux bouts, tout le monde s’adonne également à l’élevage de l’ovin, du bovin et de la volaille. Pour ne pas attenter à l’environnement, le site étant classé touristique, l’exploitation des différents gisements est prohibée. Autrefois les carrières faisaient vivre plusieurs familles.
Ces quatre dernières années, la dynamique nationale n’a pas occulté Chétaïbi, qui, il fut un temps, était en ballotage entre Skikda et Annaba.
La commune a même réalisé la prouesse de combler le retard accumulé et Dieu seul sait combien il est grand. L’édile manifeste une certaine satisfaction du devoir accompli quand il commente l’état de sa commune. « Nous consommons à bon escient les enveloppes que nous recevons chaque année pour la conduite de projets de développement. Le chef lieu de commune et les autres agglomérations changent toutes de visage suite aux avancées certaines qu’enregistrent les aménagements urbains. Les routes y sont bitumées et l’éclairage « rétabli ».
Le P /APC, sollicité de temps à autre par ses subalternes qui se présentent à son bureau pour lui « arracher » une signature qu’il appose soigneusement sur les différents documents qui lui sont soumis, ne perd pas le fil des idées quant il évoque les actions de développement menée dans sa commune.
Le poumon de Chetaïbi demeure incontestablement le port de pêche. Sa construction remonte à la période coloniale, mais l’infrastructure a connu des aménagements importants avec l’objectif de relancer l’activité pêche. C’était en 1990. L’ensemble du port a été aménagé et la grande jetée est aujourd’hui en cours de renforcement. La flottille forte de quelque 200 embarcations s’adonne à la pêche saisonnière, actuellement c’est la sardine et la bonite que l’on remonte dans les filets. La production est écoulée sur Annaba et Skikda avec lesquelles les professionnels de la mer sont liés avec des conventions.
Chétaïbi mise beaucoup, d’ailleurs, sur l’acquisition d’un autre port de pêche, mais cela reste tributaire des études techniques concernant quatre sites dans la wilaya de Annaba, choisis pour l’érection des deux ports, l’un de pêche et l’autre de plaisance. En attendant que ce vœu soit exaucé, Chétaïbi a pris ses devants en réunissant les bases de la relance. Le village a cassé l’isolement en se reliant à Annaba via Berrahal. De même qu’il dispose d’un réseau routier fort au total de 80 km.
Le tronçon reliant Behloul à El Azla est toutefois considérablement dégradé. Les habitants de certaines agglomérations sont parfois contraints de faire de longs détours pour rejoindre le chef lieu de commune à Chétaïbi. Ici le chômage sévit beaucoup plus que dans d’autres régions. Les débouchés sont entièrement absents. La quasi-majorité émarge dans le social et les dispositifs de jeunes. Les plus chanceux parmi les artisans et autres détenteurs de métiers ont bénéficié de locaux réalisés dans le cadre du programme du président de 100 locaux pour chaque commune. Au total 75 locaux ont été livrés et sont fonctionnels.
Les jeunes bénéficiaires s’y occupent avec les moyens du bord, qui, dans les services, qui dans d’autres métiers. Les trois Maisons de jeunes et le centre culturel qui sera bientôt opérationnel permettront de soustraire un pan entier de la jeunesse de son oisiveté. Ces mêmes jeunes disposeront également d’une nouvelle salle de sport inscrite en sectoriel et qui est en voie de livraison.

Le gaz de ville arrive…
A Chétaïbi, les besoins en logements s’expriment, mais, sans pour autant que la crise n’atteigne celle dont pâtissent les grandes cités. La commune et ses agglomérations ont eu droit à un programme de 400 logements tous types confondus. Dans le segment rural, 110 unités sur les 196 ont été remises aux attributaires. 80 autres sont livrés prochainement. Dans la catégorie LSP 29 sur un quota de 44 ont été distribués. La population est d’autant plus gagnée par la paupérisation que les lots à bâtir n’ont pas trouvé preneurs alors que dans les autres villes du pays, c’est la ruée sur les lotissements et les constructions individuelles. Le relief très accidenté et l’érosion des sols rendent toute construction très onéreuse. Au titre du quinquennal, la commune a bénéficié de 130 logements sociaux et 100 autres LPA. Le foncier urbanisable s’étant rétréci, les émigrés qui veulent investir dans la construction convoitent aujourd’hui les localités avoisinantes et notamment La Marsa, dans la wilaya de Skikda, même en mettant le prix.
A Chétaïbi, l’eau coule de source mais ne répond pas au besoin notamment en période estivale où la population augmente substantiellement avec l’arrivée en force des estivants. Pratiquement chaque agglomération est alimentée d’une source naturelle et là où le besoin se fait sentir, c’est la citerne communale qui supplée aux fontaines. Cela en attendant que le réseau très défectueux soit totalement rénové pou pouvoir acheminer l’eau à partir de Guerbaz dans la wilaya de Skikda. Le barrage dont l’étude est terminée viendra à point pour régler définitivement le problème de l’eau.
L’année 2012 s’annonce pour ainsi dire de bon augure pour Chétaïbi qui sera bientôt alimentée en gaz naturel. La pose des canalisations de transport du gaz est annoncée pour juin-juillet.
Il faut savoir que l’hiver est très rude et les habitants s’alimentent en gaz butane. Tout le monde s’accorde à dire que Naftal fait d’énormes efforts pour qu’il n’y ait pas de rupture. La couverture est jugée bonne, toutefois, l’unique point de vente est situé au chef-lieu. Les habitants des autres localités doivent faire parfois de longs déplacements pour acquérir l’indispensable bonbonne de gaz.
Il aura donc fallu pour l’une des plus vielles communes, l’année qui pointe à l’horizon pour espérer se chauffer par le gaz naturel et jouir des commodités que cela procure. Point besoin de dire que l’industrie est totalement absente. Seul le gisement d’argile d’Ain Abdallah est actuellement exploité par la RCE pour extraire un produit et l’utiliser dans la production du ciment.

Une localité viable
En quelques années, la localité est en passe d’inverser la tendance. De commune complètement isolée, Chétaïbi, qui est jalouse de sa promotion en localité viable s’ingénie à soigner son image. Toutes les opérations d’aménagement urbain viennent à leur terme. Le taux de couverture en électricité est aussi considérable quand on sait qu’il avoisine les 80 %. En dépit du fait que la population scolaire est dispatchée sur des zones d’habitation éparses, la commune arrive tant bien que mal à prendre totalement en charge le transport scolaire en exploitant une dizaine de bus. Il en est aussi ainsi pour le transport des voyageurs qui couvre la totalité du territoire de la commune. Le parc roulant fort de 12 bus et une vingtaine de taxis est estimé satisfaisant d’autant plus que les déplacements vers et à partir de Annaba sont moins fréquents durant la journée. L’essentiel des navettes se font la matinée et en fin d’après midi.
A Chétaïbi, qui, l’on conçoit l’avenir de la région dans le développement de ses potentialités et qui ne sont pas moindres. La réhabilitation et la modernisation de l’activité pêche, la promotion du tourisme et la création d’une zone d’activité pour les créneaux non générateurs de pollution sont autant de priorités hiérarchisées par les responsables locaux. Chetaibi renferme en son sein pas moins de 7 magnifiques plages aménagées, sécurisées, alimentées en eau si l’on excepte le Sable d’or qui en est encore dépourvue en raison de la vétusté du réseau et qui connaissent une affluence record durant l’été. Les potentialités ne font pas défaut, d’aucuns en conviennent l’accueil des visiteurs pour ne pas dire des touristes, semble reléguer au dernier plan des préoccupations du capital privé qui semble bouder l’activité pourtant porteuse en rapport avec la villégiature notamment. L’infrastructure hôtelière et de restauration fait cruellement défaut. Ses habitants n’ont pas tort de dire que la beauté du village ne leur fait pas vivre. D’autant que tout la situe dans la liste des cités prospère.
La région dispose d’une zone d’extension touristique, mais présentement l’activité touristique digne de ce non est totalement absente faute d’infrastructure qui est la source du grand tourisme, celui qui peut générer des ressources à la commune. Dans ce registre tous les regards sont braqués sur d’éventuels investissements étrangers. La perspective est d’autant plus envisageable que les potentialités incommensurables sont à même de faire basculer toute la région dans la prospérité pérenne. Quand bien même les subterfuges brandis par le passé par les opérateurs pour faire valoir les aspects sécuritaires et l’isolement ne tiennent plus la route, l’investissement demeure le grand absent. La construction d’une briqueterie, par exemple, permettra à la commune de réduire d’une manière signifative le chômage qui sévit fortement. C’est même, l’une des revendication des habitants et des élus.
Saïd Lamari

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